Wafaa Charaf, transférée de prison après avoir dénoncé des mauvais traitements
Détenue depuis près d’un an, elle avait entamé le 8 juillet 2015 une grève de la faim pour dénoncer les violations des droits de l’homme commises dans les prisons marocaines et la violence des fonctionnaires à l’égard des détenues mais aussi pour réclamer l’amélioration des conditions de détention. Le personnel pénitentiaire aurait alors pris des mesures de rétorsion à l’encontre des détenus. Il y a quelques semaines, la section de l’Association marocaine des droits de l’homme (AMDH) de Tanger s’était vue refuser sa demande formulée auprès de la Délégation des prisons afin de visiter Wafaa Charaf.
La décision de transférer Wafaa Charaf dans une autre prison pourrait avoir été prise en représailles par les autorités pour faire taire les protestations de la jeune militante. Ses proches résidant dans la ville de Tanger seront désormais difficilement en capacité de lui rendre visite dans la prison de Larrache.
Le 20 Octobre 2014, Wafaa Charaf, membre de l’AMDH, a été condamnée par la Cour d’appel de Tanger à deux ans de prison pour « dénonciation calomnieuse et outrage à agent » après avoir déposé une plainte pour torture.
Elle avait porté plainte contre X le 30 avril 2014, pour torture et enlèvement auprès du procureur de Tanger. Le 27 avril, après avoir participé à une manifestation de soutien à des syndicalistes licenciés à Tanger, elle avait été enlevée par deux hommes alors qu’elle rentrait chez elle. Ces hommes lui avaient bandé les yeux et l’avaient ensuite emmenée de force dans une voiture et conduite en dehors de la ville. Pendant plusieurs heures, elle a été frappée, insultée et menacée puis abandonnée sur place. Elle est alors allée faire constater ses blessures par un médecin. Suite à sa plainte, elle avait été arrêtée le 8 juillet 2014, placée en détention provisoire et poursuivie pour dénonciation calomnieuse et outrage à agent.
Au Maroc, les actes de torture demeurent impunis
Les actes de torture au Maroc demeurent impunis et les plaintes pour torture ne sont jamais suivies d’enquête sérieuse, indépendante et impartiale. En outre, depuis 2014, les victimes de torture sont régulièrement mises en cause par les autorités pour diffamation et dénonciation calomnieuse. L’ACAT est elle-même poursuivie devant la justice marocaine pour dénonciation calomnieuse.
Alors que le Protocole d’entraide judicaire entre la France et le Maroc est entré en vigueur le 30 juillet 2015, l’ACAT continue de dénoncer la persistance de la torture et l’absence de volonté politique de mettre fin à l’impunité dont jouissent les auteurs de torture au Maroc.
En 2016, le Maroc sera examiné par le Comité des droits de l’homme des Nations unies. Dans la perspective de cet examen, le Maroc devrait se conformer à ses engagements internationaux et en particulier l’article 7 du Pacte International sur les droits civils et Politiques : « Nul ne sera soumis à la torture ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. » et l’article 10 du même Pacte : « Toute personne privée de sa liberté est traitée avec humanité et avec le respect de la dignité inhérente à la personne humaine. »